« Sauvons le muscadet »

Presse Océan
mercredi 5 août 2015

Alan Coraud, vigneron et communicant, publie son ouvrage « Sauvons le muscadet d’une mort programmée ». Un livre polémique qui condamne la communication autour du fleuron des vins nantais.

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Presse Océan : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Alan Coraud : « J’ai écrit ce livre pour faire le bilan des erreurs commises et proposer par la même, une stratégie de reconquête. Il y a bien évidemment des solutions à apporter pour sauver le muscadet ! Il y a ce côté positif, que l’on trouve aussi dans mon métier de communicant, de trouver des solutions. Je suis dans cette même démarche professionnelle, je fais le bilan et ensuite je propose des solutions. »

Depuis quand notez-vous un déclin du muscadet ?

« À partir de 1993, j’ai vu un glissement avec une communication qui ciblait l’entrée de gamme avec le thème musette et une stratégie d’abandon de l’identité maritime et armoricaine pour aller vers un rapprochement avec le Val de Loire. J’ai alerté toute la filière sur les dommages que pourrait provoquer cette stratégie. Vingt-deux ans après, je constate, hélas, que tout ce que j’avais prédit s’est réalisé, à savoir une perte énorme de nos marchés tant en France qu’à l’étranger. »

Qui est responsable de ce déclin ?

« La première erreur est liée aux représentants professionnels, des deux branches, négoce et viticole, et aux élus. Les premiers car ils ont cru qu’il fallait communiquer sur l’entrée de gamme comme on avait de gros volumes. Et pour les élus, par confort, ça a été d’aller dans le sens d’une communication régionale Pays de Loire, en déclinant Val de Loire, alors que celle-ci fonctionnait difficilement avec notre identité nantaise et bretonne depuis plus de 1 000 ans. Or quand une image est brouillée, on perd des marchés. De plus, les responsables professionnels et les élus ont une lourde responsabilité parce qu’ils ont fait croire aux vignerons que la Vallée de la Loire avait beaucoup plus de notoriété que la Bretagne ce qui est un énorme mensonge. »

Quelles solutions alors pour sauver le muscadet ?

« Un : on communique en haut de gamme notamment avec les crus communaux, qui ont, à ce titre, toute leur utilité. Mais il faut aller plus vite et plus loin dans cette stratégie. Deux : on communique sur le « celtic wine of Brittany » (vin celtique de Bretagne) qui nous offre un marché que j’estime à 140 millions de Celtes dans le monde. La dimension celtique est phénoménale. Moi je suis triste quand je vois que les 850 000 participants du Festival Interceltique de Lorient n’ont pas accès au grand vin blanc celte qu’est le muscadet ! C’est un non-sens en marketing ! »

Propos recueillis par Valentin Nicolas

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Yoran Embanner. 112 pages. 8,50 euros

BIO EXPRESS

Alan Coraud, 57 ans, est dirigeant de l’agence de communication-marketing Koro, spécialisée dans le tourisme, mais exerce également une activité de vigneron. Il a aussi été maire de La Remaudière de 2008 à 2014 et est l’un des membres fondateurs de l’Office de Tourisme du Vignoble.