Alan Coraud, fulgurante ascension
Candidat individuel largement battu en 2001, Alan coraud a réalisé le grand écart en devenant le maire de la Remaudière le 21 mars dernier. Si la lutte contre l’usine de déchets est passé par là, il n’y a pas que çà. Zoom sur le plus bretonnant des maires du Vignoble.
Il fait parti de ces maires surprises du Vignoble. Un qualificatif loin d’être péjoratif. Prime aux sortant, confusion avec la bataille contre l’usine de déchets, lancement tardif dans la campagne et sans tête de liste, fusion avec l’équipe d’Alain Girard, batailles perdues en 2001 et 1989… Marcel Fleurance partait encore favori. Mais le 9 mars, date du premier tour, le responsable d’une agence de communication, second meilleur score sur 46 candidats, n’est pas élu pour trois voix.
Changement de donne. Une semaine plus tard sa liste « en avant pour mieux vivre ensemble » devient majoritaire. Cinq jours plus tard, il est élu avec 9 voix sur 15 (Ndlr. deux membres de son équipe ont voté blanc). Depuis, Alan Coraud découvre une nouvelle fonction : des dossiers avec son lot de tracas administratifs, les doléances des concitoyens, les frictions avec l’opposition et les rencontres avec ses homologues des alentours. Tout cela avec un emploi du temps professionnel minuté qui le fait régulièrement se déplacer sur les campings du littoral de la Loire-Atlantique à la Charente-Maritime.
Mais pas question de lui dire que c’est parachuté ou qu’il est arrivé là par hasard. « Ce serait d’abord faire injustice aux électeurs et à ma liste, rappelle celui qui a été président de l’Ogec (école), du syndicat viticole et agricole du canton. Ensuite, la chose publique m’a toujours intéressé depuis 25 ans. En revanche, je veux bien qu’on dise que je suis atypique. Mon itinéraire professionnel l’est aussi », avoue-t-il.
« Pas calculé »
Producteur de lait et vigneron pendant 14 ans au Moulin de Sainte Catherine, le diplômé d’un BTS agricole a changé de voie pour monter son agence de communication et devenir consultant marketing pour l’hôtellerie de plein air de la Normandie au Pays Basque.
Son épouse Luce gardant une activité à l’exploitation. « Dans le tourisme comme en viticulture, il faut avoir du nez. Je pense que j’en ai eu lorsque j’ai tablé dès le début sur un marché sénior aux gérants d’établissement en les incitant à investir en mobil-homes et bungalows », lâche l’habile communicant. Un flair dont il veut se servir pour gérer sa commune de toujours.
Cette élection, Alan Coraud l’affirme qu’il « ne l’avait pas calculée ». Même pas en septembre dernier quand il a monté la sulfureuse Aipudr contre l’implantation d’une usine de déchets amenée à traiter toutes les poubelles du Vignoble.
Pourtant, les élus de Valor 3E le supputaient de lancer cette association en guise de faire-valoir. « Je dis que non », répond sèchement celui qui a des amitiés écologistes. « C’est un fil des nombreux débats, des rencontres, des échanges avec d’autres structures qu’on s’est dit qu’on pouvait peut-être aller plus loin. Qui nous ont dit qu’après les élections, si le maire sortant avait été réélu, le dossier ne serait pas revenu sur la table ? On a assez d’odeurs sur la commune ».
Ensuite, li y a eu les mains tendues avec Alain Girard, adjoint sortant, désireux de repartir avec une autre équipe. « On a appris à se connaître. Je sais qu’on n’est pas d’accord sur tout. Mais on établi un projet commun et c’est çà le plus important pour les Remaudièrois qui n’ont pas voté pour un homme mais pour une équipe qui actuellement prend bien ses marques. »
« Chaud au cœur »
« Mon agenda est encore plus organisé qu’avant. Mais je sais que même pour une petite commune, il y a du boulot. C’est pourquoi je vais beaucoup déléguer. Il faut dire que je suis épaulé par Alain Girard, très à l’aise par exemple avec les finances. Car aujourd’hui, et c’est tant mieux, La Remaudière n’est pas seule, elle est imbriquée dans diverses structures intercommunales, départementales. Pour ma fonction, je m’avale beaucoup de livres sur le rôle du maire et des élus en général. Preuve que je n’avais rien préparé. »
Alan Coraud se donne « trois mois pour se sentir » à l’aise et préparer les dossiers sur les logements sociaux et la sécurité du bourg.
Un mois après la victoire de sa liste, s’il préfère parler « de message de la population qui fait chaud au cœur plutôt que de fierté ». « Ils ont sanctionné une méthode qui allait contre le fonctionnement démocratique d’une commune, ose Alan Coraud qui va souffler ses 50 ans ».
« L’ex-équipe n’était pas assez à l’écoute de la population. Il y avait sans doute une usure du pouvoir. Mais c’est humain. Je ne suis pas à l’abri non plus ». Alan Coraud tentera de multiplier les bulletins communaux et l’information en direct sur Internet.
« Épicurien, démocrate et jovial », l’adorateur de Churchill se connait quelques faiblesses « en particulier dans l’affectif, je ne supporte pas la trahison et je suis parfois peut-être trop déterminé ». Défenseur inlassable de la culture bretonne, il continuera de s’engager pour l’intégration de la Loire-Atlantique en Bretagne. Avec plus de poids.